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LE REGIME REPUBLICAIN 1795-1799

(copie & reproduction interdite)


La Convention annexe  la Belgique le 1 octobre 1795. Le Directoire arrive le 27 octobre 1795. Il tombe en 1799.
Bien que depuis un an et demi, les Français fussent maîtres de la Belgique, et que notre pays fut « occupé » traité comme un pays conquis, le fait de la conquête n'avait pas rendu applicable les lois françaises chez nous (comme de 1914 à 1918, les lois belges étaient toujours en vigueur chez nous). La République s'était contentée de promulguer des lois d'exception (contre les émigrés, sur le tarif maximum, sur les assignats) et de punir les délits qualifiés de contre révolutionnaire, et de faire de nombreuses réquisitions, impositions, etc... Le 1 octobre 1795 nous étions « annexés », réunis à la France. Fini l'ancien régime! Nous sommes français, soumis aux lois françaises. Et cela dans l'apathie générale. Pourquoi cette annexion? Comme disaient les orateurs de la Convention: la Belgique est un pays riche, ses contributions soulageront notre trésor; ses immenses domaines civils et ecclésiastiques renforceront l'hypothèque de nos assignats; l'extension de nos frontières du nord fera de Paris un lieu plus central et diminuera le danger d'invasion. L'intérêt seul commande la réunion.

Il n'y a plus de Principauté de Liège.

Nous sommes du département de Sambre et Meuse, chef-lieu Namur (pas tout à fait province actuelle). Nous sommes du canton de Rochefort. 18 commune, (le doyenné actuel de Rochefort). Ces 18 communes n'ont qu'une seule administration municipale siégeant à Rochefort, et ayant pour chef le président de l'administration municipale.

a) Chaque commune élisait son agent municipal et son adjoint. Bure choisit comme agent municipal Hubert Pigeon.

b) Le président de l'administration municipale était nommé par les électeurs du canton. En réalité il fut nommé par le citoyen Poncelet, dont nous allons parler: ce fut Laffineur, mayeur d'Eprave. (les autres agents municipaux ne comptaient guère; on les avait pris parmi les moins lettrés et les moins intelligents.)

c) Enfin, auprès de l'administration municipale il y avait un commissaire du directoire nommé par les Français pour surveiller les agents municipaux. Ce fut le citoyen Poncelet.

Le rôle de notre agent municipal Pigeon n'était pas agréable. Il devait se rendre à chaque séance tous les 15 jours à Rochefort par les mauvais chemins. Là, il recevait communication des lois nouvelles, des réquisitions, et, rentré à Bure, il devait les appliquer. Les agents municipaux étaient des hommes du pays, d'opinion modérée qui n'avaient nulle envie de tyranniser leurs concitoyens. Ils manœuvraient pour épargner la commune le plus possible. Mais certains autres étaient d'opinion avancée.

Le citoyen Poncelet était donc le commissaire. Natif de Neufchâteau, il avait pris d'abord du service dans un corps de dragons autrichiens. Dégoûté du service, il s'était établi à Rochefort. C'était un partisan convaincu de la Révolution. A force de démarches, il se fit nommer « Commissaire du Directoire de la République ». Durant toute la période républicaine, il se fit l'exécuteur docile des ordres de l'étranger et tint le canton sous une verge de fer. Il fit planter dans chaque commune l'arbre de la liberté, mais je ne sais s'il en reprit un seul. Le 4 mars, il fit procéder à l'anéantissement de tous les signes de royautés qui subsistaient dans les communes. On devait buriner les armoiries des nobles, « effacer les marques de la tyrannie ». A Bure, les taques du château sont restées intactes. Mais une pierre tombale a été mutilée, plus la pierre tombale de Mr. Le Bochoz. Plus de 'vicomte, baron, excellence, monseigneur ». (1-1-17910) Tout le monde est appelé « citoyen ». Mars 1796, monté sur un cheval noir, il parcourut tous les villages. Il entrait dans les églises et les chapelles, brisait les fenêtre à vitres armoriées, abattait les armoiries des pierres tombales; arrachait les croix, effrayait les villageois par ses blasphèmes et ses menaces. Le 5 octobre 1796, il viola la clôture des Carmélites de Rochefort, tira les religieuses une à une de leurs cellules et les jeta à la porte. Ce beau zèle républicain s'alliait à un intérêt bien compris des affaires, des bénéfices. Les contribuables devaient payer 3,000 livres par an pour la location de la salle des réunions. Mais la salle lui appartenait. Il se rendit acquéreur de nombreux biens « nationaux », par exemple du couvent d'Orval, du convent de St Remy à Rochefort, de nombreuses fermes enlevées aux seigneurs et aux moines. « Biens noirs. » Ces propriétés se vendaient à vil prix, de peur de s'enrichir de ce que la voix des honnêtes gens appelaient un vol. Avec les pierres de St Remy, il construit à Rochefort la propriété d'Austerlitz. Ses descendants firent banqueroute. L'abbaye St Rémy est retournée maintenant aux moines qui ont repris les chants divins. La propriété d'Austerlitz fut acquise par les catholiques de Rochefort pendant la guerre (1912) pour 33,000 frs et est occupée par les Sœurs de St Vincent de Paul. La charité s'exerce dans cet immeuble construit par un voleur. Orval lui aussi est ressuscité.
150 ans, peu de chose! Que d'évènements! La justice de Dieu! L'épouse de Poncelet était très pieuse et éleva ses enfants chrétiennement: un fut conseiller provincial catholique et député permanent pour le canton pendant 50 ans; un autre fut prêtre, chanoine et vicaire général à Namur; une fille épousa le Baron Coppens, famille catholique qui existe encore à Liège.

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